Dans une époque valétudinaire (Whouh ! Casé dès la première ligne !) où la référence est de ne plus rien apprécier totalement, à une époque où les critiques prennent du galon grâce à la précision de leurs tirs et où les chroniqueurs les plus appréciés sont devenus de véritables snippers, je vous propose ici une trêve bien méritée. Je déploie donc le fameux drapeau blanc le temps de vous parler d'un spectacle qui m'a tout simplement bouleversée.
Râleurs, éternels insatisfaits, bougons et autres pénibles en tout genre, merci de passer votre chemin ou acceptez le risque de basculer du côté lumineux de la Force !
J'aurais adoré que mon regretté Louis de Funès vienne m'interroger à ce sujet. "Chère amie, chère amie", m'aurait-il dit, "qu'avez-vous donc pensé du dernier spectacle d'Alexandre Astier, "Que ma joie demeure !" qu'il a interprété devant vous vendredi 21 décembre 2012 à la Bourse du Travail de Lyon ?" "Euh, whaouh !" lui aurais-je répondu, tant les mots pour parler de ce fabuleux spectacle m'auraient manqué et la rencontre avec Louis m'aurait émue. Sur un ton mielleux dont lui seul détient le secret, il aurait alors répliqué : "Mmmmm, ma biche, c'est bien trop court ! Je meurs d'envie d'en apprendre davantage. Veuillez détailler, s'il vous plaît, et n'ayez pas peur d'être très précise." Bon, si c'est Louis qui me le demande, je m'exécute sans sourciller. Je vais donc tenter de décortiquer mes propres pensées. Et ça commence, maintenant ! Bon voyage !
Laissez-moi d'abord vous planter le décor. Comme j'ai toujours un train de retard, je n'ai appris qu'en mai qu'Alexandre Astier, papa, entre autre, de la génialissime série Kaamelott (oui, j'avoue, je suis fan), allait se produire en juin à Lyon dans son nouveau spectacle intitulé "Que ma joie demeure !". Du coup, il était déjà trop tard pour réserver une place... Sans grand espoir, je me suis inscrite sur un site de vente de billets en ligne de manière à être alertée d'un éventuel rajout de dates. Et, le miracle s'est produit par un beau matin de juillet ! De nouvelles représentations s'étaient greffées pour fin décembre à Lyon ! Ouverture de la billetterie prévue à 10 heures. J'attendais patiemment devant mon écran et, à l'heure dite, je me suis précipitée sur le plan de la salle pour choisir nos places. C'était sûrement mon jour de chance car j'étais la première sur le site et il restait donc les deux fauteuils au centre du premier rang ! Ni une ni deux, je les ai réservés, et j'ai savouré ma revanche...
Pour certains, le 21 décembre 2012 était de mauvaise augure, pour moi, la fin du monde a été splendide...
J'aurais adoré que mon regretté Louis de Funès vienne m'interroger à ce sujet. "Chère amie, chère amie", m'aurait-il dit, "qu'avez-vous donc pensé du dernier spectacle d'Alexandre Astier, "Que ma joie demeure !" qu'il a interprété devant vous vendredi 21 décembre 2012 à la Bourse du Travail de Lyon ?" "Euh, whaouh !" lui aurais-je répondu, tant les mots pour parler de ce fabuleux spectacle m'auraient manqué et la rencontre avec Louis m'aurait émue. Sur un ton mielleux dont lui seul détient le secret, il aurait alors répliqué : "Mmmmm, ma biche, c'est bien trop court ! Je meurs d'envie d'en apprendre davantage. Veuillez détailler, s'il vous plaît, et n'ayez pas peur d'être très précise." Bon, si c'est Louis qui me le demande, je m'exécute sans sourciller. Je vais donc tenter de décortiquer mes propres pensées. Et ça commence, maintenant ! Bon voyage !
Affiche d'Alexandre Astier via http://lyon.onvasortir.com/a-astier-au-theatre-de-la-x-rousse-1682651.html |
Laissez-moi d'abord vous planter le décor. Comme j'ai toujours un train de retard, je n'ai appris qu'en mai qu'Alexandre Astier, papa, entre autre, de la génialissime série Kaamelott (oui, j'avoue, je suis fan), allait se produire en juin à Lyon dans son nouveau spectacle intitulé "Que ma joie demeure !". Du coup, il était déjà trop tard pour réserver une place... Sans grand espoir, je me suis inscrite sur un site de vente de billets en ligne de manière à être alertée d'un éventuel rajout de dates. Et, le miracle s'est produit par un beau matin de juillet ! De nouvelles représentations s'étaient greffées pour fin décembre à Lyon ! Ouverture de la billetterie prévue à 10 heures. J'attendais patiemment devant mon écran et, à l'heure dite, je me suis précipitée sur le plan de la salle pour choisir nos places. C'était sûrement mon jour de chance car j'étais la première sur le site et il restait donc les deux fauteuils au centre du premier rang ! Ni une ni deux, je les ai réservés, et j'ai savouré ma revanche...
Bourse du Travail, Lyon, via http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Bourse_du_travail_de_Lyon_(5).jpg |
Bourse du Travail, Lyon, © Ville de Lyon |
Bourse du Travail, Lyon, © Ville de Lyon |
20h45, on rejoint nos sièges à la Bourse du Travail. Petite sensation de malaise au départ car on n'a pas vraiment l'habitude de se trouver à ces places de choix. Mais, croyez-moi, on y prend très vite goût ! D'autant qu'à côté de nous il y a un père et son jeune fils, un peu plus loin deux amies... On ne dénote donc pas du tout, ce qui a vite fait de nous rassurer. On se penche ensuite sur le programme, l'occasion pour moi de me rendre compte que le thème n'est pas Beethoven mais Jean-Sébastien Bach (que je vais me permettre de noter JSB à partir de maintenant car c'est un peu long à taper). Je remballe donc discrètement toutes les discussions que j'avais prévues sur la Lettre à Elise, la Symphonie pastorale et la Sonate "Clair de lune" et j'étudie le programme d'une manière plus studieuse. Je lis alors qu'Alexandre Astier est auteur, réalisateur, acteur, compositeur, metteur en scène, monteur... Bon, tout ça je le sais déjà mais redit en cinq minutes ça fait son petit effet, quand même ! Je constate aussi que ce spectacle est le lauréat du Prix du Jeune Théâtre de l'Académie Française 2012, rien que ça ! Je commence donc à être de plus en plus curieuse mais, jusque là, je me contrôle encore. Je pousse ma lecture un peu plus loin et je remarque alors que la mise en scène est de Jean-Christophe Hembert, l'inoubliable seigneur Karadoc de la série Kaamelott. Je me retourne vers la régie et je le vois en personne y accéder. Petit bonheur intérieur, je sens qu'on va assister à quelque chose de grand. Un dernier coup d'oeil au programme va définitivement me convaincre : les costumes sont d'Anne-Gaëlle Daval, épouse d'Alexandre Astier mais aussi responsable des costumes de la série Kaamelott. C'est donc encore une histoire de Famille, tout ce que j'aime. Alors, plus de doute, je vais être conquise car l'histoire semble d'ores et déjà belle. Je suis d'ailleurs passée dans un état second et je me laisse le droit de savourer par avance ce qui va m'arriver.
Je trépigne d'impatience... La lumière s'éteint...Une voix retentit... La cape de JSB fend l'air et ce léger vent vient effleurer nos visages (je sais à présent que ça sent bon, un artiste).
Et c'est parti pour 1h40 d'étrange fascination...
Je ne vais pas vous livrer là tous les détails du spectacle car cela risquerait de gâcher le plaisir de celles et ceux qui pourraient avoir la chance de le voir sur scène (ou même sur DVD). Néanmoins, je vais vous faire part de ce qui m'a tant envoûtée.
Tout d'abord, le décor choisi est simple mais semble authentique et la mise en scène est totalement au service du jeu d'acteur. On change de lieu, d'époque, de narration en un clin d'oeil mais sans être perdu grâce à l'interprétation et au choix des lumières.
Ensuite, le costume de JSB, est tout simplement beau. Mon époux lui a d'ailleurs trouvé une certaine ressemblance avec sa tenue de marié, ce qui est un gage de qualité à n'en point douter !
La diction est parfaite, à faire pâlir de jalousie les commentateurs sportifs les plus expérimentés ! Moi qui croyais qu'on bafouillait systématiquement en s'énervant ou en s'égosillant... En fait, non. Le phrasé, la vitesse d'élocution sont affaire de travail et de talent. Tout simplement.
Et que dire de la justesse d'interprétation ? Eh bien, qu'elle est tout bonnement incroyable ! Et je sais de quoi je parle car j'étais en face, à deux mètres à peine de lui. Aucune tricherie possible. Le regard est habité, la concentration totale. Contempler dans les yeux un artiste de cette trempe est une expérience troublante que je ne suis pas prête d'oublier. Elle laisse l'impression, sûrement saugrenue, de réussir à lire au-delà des apparences, d'aller titiller l'âme. C'est formidable !
Alexandre Astier nous livre un cours magistral unique et passionnant. Ses connaissances en musique ramènent au grade de novices les musiciens les plus chevronnés (et moi qui pensais m'y connaître un peu en solfège, me voilà rhabillée pour l'hiver, tenue de ski comprise !). Ce qui est, en outre, stupéfiant, c'est que malgré les nombreux points techniques abordés (contrepoint, harmonie...), rien n'est rébarbatif. Il jongle à merveille avec ses mots, ceux qu'il met en musique et les maux de JSB, compositeur de génie dont la tristesse semble avoir été proportionnelle à son talent. Il faut dire que perdre dix enfants laisse des traces indélébiles. Après tout, les génies ne sont que des hommes, même s'ils sont largement plus doués que les autres.
En résumé, c'est drôle, touchant, émouvant, captivant, fascinant... et même un poil impertinent ! Je me suis égarée dans l'espace temps. J'ai vraiment eu le sentiment d'avoir rencontré JSB (serait-ce le début d'une aliénation quelconque, pour moi ?), d'être rentrée dans son esprit tourmenté et créatif, et d'avoir assisté à des moments intimes de son existence, glorieux ou ténébreux.
J'ai dû passer deux heures, ce soir-là, bouche bée et yeux écarquillés. C'est d'ailleurs peut-être grâce à cela que j'ai eu l'immense privilège d'incarner, pendant un bref instant, la femme aux pigeons morts (attachés à sa ceinture, si ma mémoire est bonne).
Nous avons fini le spectacle par un rappel en forme de cours de chant. C'est là que j'ai compris qu'Alexandre Astier est aussi un grand magicien car il a réussi à faire chanter une salle de 1600 personnes sur un chant polyphonique à quatre voix (de toute beauté) sans fausseté ! Chapeau, l'artiste !
Ultime ovation : Lyon est debout, ému et heureux face à l'enfant prodige du pays. Une dernière boutade sur les talonnettes de ce dernier car elles ont failli lui causer bien du tracas pendant les saluts. Les privilégiés, dont je fais partie, auront entendu son fabuleux et souriant, je cite : "C'est de la merde !". Et le voilà parti, pour de bon...
A la sortie, les commentaires sont dithyrambiques. Un monsieur se pose tout de même la question des moments douloureux. Peut-on en rire ? Moi, je me range définitivement du côté de ce bon vieux Prévert qui disait : "On peut rire de mourir et mourir de rire."
Il ne me reste plus qu'à en faire profiter mes trois petits bouts et mes élèves de CM1, à ma manière, bien sûr : n'en déplaise à certains, chez moi nulle date, nul pipeau, juste le plaisir de l'écoute et la joie de l'interprétation. Mon mari, quant à lui, a choisi de travailler les fractions en étudiant la composition des mesures. C'est un prof de maths, ça ne s'invente pas !
Alexandre Astier à l'Académie Française via www.academie-francaise.fr/alexandre-astier-0 |
Je trépigne d'impatience... La lumière s'éteint...Une voix retentit... La cape de JSB fend l'air et ce léger vent vient effleurer nos visages (je sais à présent que ça sent bon, un artiste).
Et c'est parti pour 1h40 d'étrange fascination...
Je ne vais pas vous livrer là tous les détails du spectacle car cela risquerait de gâcher le plaisir de celles et ceux qui pourraient avoir la chance de le voir sur scène (ou même sur DVD). Néanmoins, je vais vous faire part de ce qui m'a tant envoûtée.
Tout d'abord, le décor choisi est simple mais semble authentique et la mise en scène est totalement au service du jeu d'acteur. On change de lieu, d'époque, de narration en un clin d'oeil mais sans être perdu grâce à l'interprétation et au choix des lumières.
Ensuite, le costume de JSB, est tout simplement beau. Mon époux lui a d'ailleurs trouvé une certaine ressemblance avec sa tenue de marié, ce qui est un gage de qualité à n'en point douter !
La diction est parfaite, à faire pâlir de jalousie les commentateurs sportifs les plus expérimentés ! Moi qui croyais qu'on bafouillait systématiquement en s'énervant ou en s'égosillant... En fait, non. Le phrasé, la vitesse d'élocution sont affaire de travail et de talent. Tout simplement.
Et que dire de la justesse d'interprétation ? Eh bien, qu'elle est tout bonnement incroyable ! Et je sais de quoi je parle car j'étais en face, à deux mètres à peine de lui. Aucune tricherie possible. Le regard est habité, la concentration totale. Contempler dans les yeux un artiste de cette trempe est une expérience troublante que je ne suis pas prête d'oublier. Elle laisse l'impression, sûrement saugrenue, de réussir à lire au-delà des apparences, d'aller titiller l'âme. C'est formidable !
Alexandre Astier nous livre un cours magistral unique et passionnant. Ses connaissances en musique ramènent au grade de novices les musiciens les plus chevronnés (et moi qui pensais m'y connaître un peu en solfège, me voilà rhabillée pour l'hiver, tenue de ski comprise !). Ce qui est, en outre, stupéfiant, c'est que malgré les nombreux points techniques abordés (contrepoint, harmonie...), rien n'est rébarbatif. Il jongle à merveille avec ses mots, ceux qu'il met en musique et les maux de JSB, compositeur de génie dont la tristesse semble avoir été proportionnelle à son talent. Il faut dire que perdre dix enfants laisse des traces indélébiles. Après tout, les génies ne sont que des hommes, même s'ils sont largement plus doués que les autres.
En résumé, c'est drôle, touchant, émouvant, captivant, fascinant... et même un poil impertinent ! Je me suis égarée dans l'espace temps. J'ai vraiment eu le sentiment d'avoir rencontré JSB (serait-ce le début d'une aliénation quelconque, pour moi ?), d'être rentrée dans son esprit tourmenté et créatif, et d'avoir assisté à des moments intimes de son existence, glorieux ou ténébreux.
J'ai dû passer deux heures, ce soir-là, bouche bée et yeux écarquillés. C'est d'ailleurs peut-être grâce à cela que j'ai eu l'immense privilège d'incarner, pendant un bref instant, la femme aux pigeons morts (attachés à sa ceinture, si ma mémoire est bonne).
Affiche de "Que ma joie demeure !" via http://www.onenagros.org/2012-08-06-que-ma-joie-demeure-en-dvd-le-6-novembre.html |
Nous avons fini le spectacle par un rappel en forme de cours de chant. C'est là que j'ai compris qu'Alexandre Astier est aussi un grand magicien car il a réussi à faire chanter une salle de 1600 personnes sur un chant polyphonique à quatre voix (de toute beauté) sans fausseté ! Chapeau, l'artiste !
Ultime ovation : Lyon est debout, ému et heureux face à l'enfant prodige du pays. Une dernière boutade sur les talonnettes de ce dernier car elles ont failli lui causer bien du tracas pendant les saluts. Les privilégiés, dont je fais partie, auront entendu son fabuleux et souriant, je cite : "C'est de la merde !". Et le voilà parti, pour de bon...
A la sortie, les commentaires sont dithyrambiques. Un monsieur se pose tout de même la question des moments douloureux. Peut-on en rire ? Moi, je me range définitivement du côté de ce bon vieux Prévert qui disait : "On peut rire de mourir et mourir de rire."
Il ne me reste plus qu'à en faire profiter mes trois petits bouts et mes élèves de CM1, à ma manière, bien sûr : n'en déplaise à certains, chez moi nulle date, nul pipeau, juste le plaisir de l'écoute et la joie de l'interprétation. Mon mari, quant à lui, a choisi de travailler les fractions en étudiant la composition des mesures. C'est un prof de maths, ça ne s'invente pas !
Jean-Sébastien Bach via http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-musique-jean-sebastien-bach-119785.html |
En ce jour de fin du monde, j'ai donc assisté à quelque chose de sensationnel : un génie qui en interprète un autre. J'ai découvert un artiste talentueux, généreux et attachant, capable de nous émouvoir, mais aussi bien sûr de nous faire rire.
J'ai également compris qu'on ne décide pas d'être fan mais que c'est un sentiment qui s'impose à nous, sans crier gare. Et là, je dois avouer que j'ai littéralement succombé. Cette rencontre a été bouleversante...
J'envie, désormais, les spectateurs de Saint-Etienne qui vont avoir la chance de passer le réveillon avec ce comédien émérite. Mais bon, à chacun son tour...
Pour tout cela, MERCI, Monsieur Astier... et à bientôt ! Car dès que vous déciderez de fouler à nouveau les planches lyonnaises, soyez assuré de ma présence.
Je finirai sur cette phrase du grand Louis de Funès : "Le comique, ce n'est pas seulement du talent, mais c'est surtout un don, une façon de sentir, de pouvoir comprendre et interpréter !" Et ce don, assurément, vous l'avez.
Que votre joie demeure !
La mienne perdure...
J'ai également compris qu'on ne décide pas d'être fan mais que c'est un sentiment qui s'impose à nous, sans crier gare. Et là, je dois avouer que j'ai littéralement succombé. Cette rencontre a été bouleversante...
J'envie, désormais, les spectateurs de Saint-Etienne qui vont avoir la chance de passer le réveillon avec ce comédien émérite. Mais bon, à chacun son tour...
Pour tout cela, MERCI, Monsieur Astier... et à bientôt ! Car dès que vous déciderez de fouler à nouveau les planches lyonnaises, soyez assuré de ma présence.
Je finirai sur cette phrase du grand Louis de Funès : "Le comique, ce n'est pas seulement du talent, mais c'est surtout un don, une façon de sentir, de pouvoir comprendre et interpréter !" Et ce don, assurément, vous l'avez.
Que votre joie demeure !
La mienne perdure...